Grammaire comparée des langues indo-européennes
Il y a plus de deux siècles, des chercheurs ont observé des similarités phonétiques et morphologiques entre diverses langues anciennes et modernes d'Europe et d'Asie. Par exemple : latin frāter « frère », grec φράτηρ « membre d’une phratrie », gotique broþar « frère » et sankrit bhrā́tar- « frère ». Ces érudits ont interprété ces ressemblances comme des indices d'une filiation commune : toutes ces langues indo-européennes seraient apparentées et descendraient d’une protolangue unique, qui n’a laissé aucune trace écrite, mais qui peut être reconstruite à partir de ces similarités. Cette langue hypothétique a été nommée le proto-indo-européen. Mon cours explore les correspondances des langues indo-européennes et leurs diversifications à partir de cette protolangue.
Le cours débute par un aperçu de la reconstruction du proto-indo-européen même : la méthode de la grammaire comparée qui a permis d’imposer l’hypothèse de cette proto-langue, ainsi que la reconstruction de la phonologie, morphologie et du vocabulaire. Je détaillerai les différentes théories et méthodes (linguistique – archéologique – génétique – mathématique) concernant le lieu et la période auxquelles la langue proto-indo-européenne se serait séparée en différentes (branches de) langues indo-européennes, et la manière dont cette séparation s’est produite ; je passerai également en revue les hypothèses sur l’origine de la langue proto-indo-européenne même.
Par la suite, les langues indo-européennes mêmes seront abordées : les langues anatoliennes, tochariennes, indo-iraniennes, les dialectes grecs, les langues italiques, celtiques, germaniques, balto-slaves, l’arménien, l’albanais, et les langues peu attestées comme le phrygien. Pour chaque (branche de) langue seront fournis un aperçu des développements depuis le proto-indo-européen, les aspects par lesquels elles diffèrent les unes des autres, les premières et/ou les plus importantes sources attestées, la localisation des locuteurs, les système(s) d’écriture, et un aperçu des productions scientifiques les plus importantes afin que l’étudiant puisse approfondir de manière indépendante sa connaissance des langues après le cours d’été. Dans quelques cas, je m’attarderai sur une langue non-indo-européenne avec laquelle une des (branches de) langues indo-européennes est entrée en contact, comme l’étrusque avec les langues italiques ou le minoen avec les dialectes grecs. De plus, de courts extraits de textes dans plusieurs langues, en translittération, seront lus. En effet, une fois que les systèmes phonétiques et morphologiques de la langue proto-indo-européenne sont connus, l’apprentissage des aspects phonétiques et morphologiques de base des langues indo-européennes individuelles se montrera nettement plus aisé.
Finalement, en remontant une dernière fois dans le temps, la reconstruction de ce qu’on appelle la poésie proto-indo-européenne sera abordée : à cette occasion seront étudiées des traductions de textes (surtout de mythes) de diverses langues anciennes ayant pour point commun des formules ou des thèmes littéraires identiques, et pour lesquels les chercheurs ont proposé une origine commune.
Référence : Fortson, Benjamin, W. (2010) Indo-European Language and Culture. An Introduction. Second edition. Malden (MA)/Oxford/Chichester (West Sussex) : Wiley-Blackwell.
Enseignante : Isabelle de MEYER